Rotor Q-Rings


La marque
espagnole s’est bâtie une image pleine d’innovation au pays du classicisme. Issue d’une école d’ingénieurs en aéronautique de Madrid, la société Rotor se permet à chaque sortie d’un nouveau produit, de balayer les standards ancrés depuis des années.
Vous rappelez-vous des potences S1 et des tiges de selle du même nom? Le système de vis à double pas avait fait sensation l’an dernier (voir ici), de même que le boitîer de pédalier dont les roulements « s’auto-alignent » pour travailler dans des conditions de
parallèlisme quasi parfait (croquis en bas de page). Ces « avancées » ne changeront bien sûr pas la face du monde, mais quel plaisir de voir autant d’ingéniosité, ou plutôt de créativité de
la part d’une entreprise, relativement peu connue il y a deux ans.
En ce qui concerne les fameux plateaux ovales, l’invention n’est certes pas à mettre sur leur compte, mais Rotor a l’avantage de proposer les Q-Rings dont le placement de l’ovoïde est à la
carte!

Les Q-Rings, une optimisation de la mécanique? 

Justement ces plateaux ovales, parlons-en. Pourquoi un plateau ovale serait-il plus efficace qu’un plateau traditionnel parfaitement rond? Après tout, il faut toujours appuyer pourrait
rétorquer le compagnon de sortie, soucieux de conserver les traditions.

Le point mort

Lors du pédalage, la puissance fournie par les cuisses du cycliste n’est pas constante. Le mouvement de rotation du pédalier fait varier le bras de levier de la manivelle (donc le couple)
sur lequel il appuie pour avancer. Ainsi, le bras de levier est maximal quand la manivelle est parfaitement à l’horizontale (ou à peu près, tout dépend des morphologies) car l’énergie
fournie est intégralement transférée à travers la manivelle vers le plateau, puis la chaîne, etc.
Au contraire, quand la manivelle est parfaitement verticale, le bras de levier est nul et il n’est donc plus possible de transfèrer la puissance. La manivelle ne reste heureusement pas dans
cette position: elle continue son mouvement de rotation grâce à l’inertie emmagasinée par les jambes du coureur, ses chaussures, les manivelles et pédales.

De son côté, le plateau dispose lui aussi d’un bras de levier qui correspond à son diamètre, donc à son nombre de dents. Plus il est grand et plus il transmet de couple à la chaîne. Le
couple (en N.m) est fonction du bras de levier (longueur) que multiplie la force avec laquelle le cycliste appuie (en N).

Une variation du bras de levier



C’est à partir de ce constat que les fabricants ont développé les plateaux ovales: ils ont l’avantage de faire varier le diamètre du plateau et donc les bras de levier. Ainsi quand la
manivelle arrive en position horizontale, la force est maximale, il faut donc placer le plateau pour que son bras de levier son maximal aussi pour optimiser la performance. Au contraire,
quand la manivelle s’approche de la position verticale, il faut réduire le bras de levier pour faciliter le passage du point mort.
Chez Rotor, il existe une multitude de positions afin d’affiner le réglage en fonction des sensations. La position 3 intermédiaire correspondont au diamètre maximum du plateau quand la
manivelle est à l’horizontale, ou en réalité un peu plus bas. Ainsi, un plateau de 53 dents Q-Ring correspond à un 56 dents rond quand la manivelle est en position horizontale, ou un 51 en
position verticale. Voyez croquis ci-contre.
Il est possible de régler le plateau selon d’autres positions. Il en existe une multitude mais « seulement » 5 qui permettent de profiter pleinement du système. De petits poinçons indiquant
la position près des trous facilitent l’installation.
En fonction des sensations, il est bien sûr possible aussi de dépareiller le grand plateau du petit.

Le fonctionnement

Installer les plateaux est, somme toute, relativement simple. Dans notre cas, pour un pédalier à 4 point d’ancrages visibles, et le cinquième derrière la manivelle (Campa), il suffit de
placer le poinçon correspondant à la position que l’on souhaite utiliser, derrière la manivelle (cf. photo ci-dessus). Cependant le règlage du dérailleur avant s’avère bien plus
hasardeux.
Premier point, dans notre cas, pour un passage d’un 53 rond à un 53 Q-Rings, il nous a fallu le remonter car le diamètre du plateau équivaut à un 56 en position haute. Si votre câble de
dérailleur était juste à la bonne longueur pour votre plateau de 53, il s’avèrera un poil court, voire trop court donc prévoyez en un nouveau, au cas où…
Deuxièmement, toujours à cause de la diffèrence de diamètre du plateau entre les positions basses et hautes, il s’avère qu’en cas de croisement de chaîne un peu trop important (53*19 par
ex.), cette dernière vient frotter régulièrement sur la fourchette du dérailleur avant, à chaque fois que le plateau passe avec son plus grand diamètre près de la fourchette. Il faut donc
ajuster aux petits oignons, et si l’on se rate, la chaîne repasse sur le petit plateau. Attention en course donc…

Un système pour tous?

Effet placébo ou pas, force est de constater qu’après plus d’un millier de kilomètres, la sensation de tirer toujours gros (trop?!) est toujours présente. Sans doute une preuve que
le système est bien efficace car le plateau de 53 agirait bien comme un 56. Sur les grosses intensités, l’effort semble un poil plus régulier et musculairement, c’est différent.
Lors des premières sorties, ça « brûle » plus: les phases de repos crées par le point mort semblent écourtés. Avec l’habitude, on fini par adopter ce système… sans problème.
En ce qui concerne la réduction du point mort, le phénomène est difficilement perceptible tant que la cadence de pédalage est normale, disons de 80 à 110tr/min, l’inertie du
pédalage facilitant son passage. Sous 80 tr/min, on ressent la sensation de pédaler plus régulièrement, disons moins « carré ».

Cette sensation est évidemment personelle et pourra varier beaucoup en fonction des morphologies et des styles de pédalages, aussi nombreux qu’il y a de cyclistes.
Bref, ce système procure des sensations diffèrentes et meilleures après plusieurs centaines de kilomètres. Il en vient justement à se demander si le système apporte concrètement un gain de
performance, sur la route c’est difficile à dire tant les paramètres influençant la performance sont nombreux.
Cependant, le site RotorCranks aux USA nous donne une partie de réponse:
 – gain de 3% de puissance (effort type chrono)
 – réduction de 2% de la fréquence cardiaque moyenne
 – diminution de 9% de la concentration d’acide lactique dans les muscles (la substance qui « brûle »!)

Les chiffres parlent d’eux même, les Q-Rings permettrait, selon le constructeur d’optimiser la performance en réduisant les fréquences cardiaques, donc l’énergie dépensée, et en augmentant
la puissance moyenne. Les chiffres sont malheuresement difficilemment vérifiables, et à prendre avec des pincettes puisque venant du constructeur. De surcroît, certaines études
scientifiques ont démontré une différence nulle entre un plateau standard rond et un plateau Q-Ring.
Le système apporte donc son lot de promesses, améliore la mécanique et modifie le style de pédalage. Mais d’un point de vue performance pure, le débat est toujours ouvert.

Une gamme innovante

La gamme est pleine d’innovation pratiques, nous espérons qu’ils poursuivent sur cette voie dictée, non pas par le marketing, mais par des idées pleines de bon sens:

Le boîtier dont les roulements « s’auto alignent ». Nombreux sont les cadres, même haut de gamme, dont les filets du boîtier de pédalier ne sont pas parfaitement alignés.

La vis à double filet: quand une partie de la vis avance de X millimètres, l’autre partie avance d’un distance diffèrente ce qui permet le serrage.

 
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